L’abandon du Mali par les Wagner : une logique de profit et de cynisme géopolitique – Par Mohd Eleya
L’abandon du Mali par les Wagner : une logique de profit et de cynisme géopolitique
L’engagement des forces paramilitaires russes du groupe Wagner au Mali s’inscrivait, dès l’origine, dans une logique opportuniste, aux antipodes des préoccupations sécuritaires authentiques ou d’une solidarité durable avec les peuples sahéliens. Derrière le vernis d’un discours de souveraineté recouvrée et de partenariat alternatif aux anciennes puissances coloniales, se cachait une entreprise purement mercantile et tactique.
L’État malien, en quête de partenaires dans un contexte de rupture avec la France et de désillusion vis-à-vis des missions internationales classiques, a ouvert ses portes à Wagner, pensant trouver en ce dernier un allié capable de changer la donne sécuritaire. Il n’en fut rien. Les exactions, les méthodes brutales, et l’opacité totale des opérations ont rapidement terni l’image de cette coopération.
Dès que le groupe Wagner a estimé avoir maximisé ses gains – en ressources minières, en contrats opaques, et en influence stratégique – il a méthodiquement réduit sa présence. Une fois le sol malien exploité à leur convenance, ses représentants ont jugé que la poursuite de l’engagement ne présentait plus de rentabilité suffisante, ni de retour politique ou économique justifiant leur maintien. La logique de prédation l’a emporté sur toute prétention à un engagement durable.
Ce départ partiel ou total, qui s’apparente à une fuite, confirme que l’Afrique, pour certains acteurs internationaux, demeure un théâtre de jeux cyniques où la souffrance des populations et l’instabilité chronique deviennent des variables d’ajustement au service d’intérêts extérieurs. Il ne s’agissait jamais de paix, de reconstruction ou de partenariat égal, mais bien de commerce d’influence et d’exploitation.
Les dirigeants africains, en particulier ceux qui flirtent avec des alliances alternatives aux modèles occidentaux sans garanties de transparence ni de souveraineté réelle, doivent tirer les leçons de ce désengagement brutal. La souveraineté ne peut être sous-traitée. Et les peuples, eux, ne doivent pas payer le prix de paris diplomatiques hasardeux et de calculs à courte vue.
Eleya Mohamed