Ne laissons pas le silence remplacer la voix de Mohamed Ould Echriv Echriv – Par Ahd Ould Bettar
Il y a des plumes qui tracent plus que des phrases : elles dessinent des trajectoires de pensée, éclairent des zones d’ombre et osent, avec élégance, dire ce que d’autres murmurent ou taisent. Celle de Mohamed Ould Echriv Echriv en fait indéniablement partie. Son départ annoncé, dans un post empreint d’une rare profondeur — Un dernier éclat sous la cendre —, serait une perte cruelle non seulement pour Rapide Info, mais aussi pour tout l’écosystème numérique mauritanien en quête de réflexion libre, lucide et équilibrée.
Depuis qu’il a rejoint nos colonnes, Mohamed n’a cessé de susciter le débat, de réveiller les consciences, et surtout, d’attirer un lectorat exigeant, avide d’intelligence dans un paysage souvent noyé sous les invectives et les automatismes partisans. Grâce à ses contributions, le trafic de notre média a connu une nette progression, mais au-delà des chiffres, c’est une crédibilité intellectuelle qu’il a apportée — et cela, aucune métrique ne peut le quantifier.
Il n’écrivait ni pour plaire ni pour convaincre, mais pour offrir un espace rare : celui de la nuance. Un terrain où la critique n’est pas l’arme d’un camp contre un autre, mais un exercice de probité intellectuelle. En cela, Mohamed a été — et reste — un repère. Il a tenu bon face aux attaques personnelles, aux lectures biaisées, aux procès d’intention. Il l’a fait avec la dignité de ceux dont les convictions ne sont ni achetables ni réactives.
Son retrait, s’il devait se confirmer, laisserait un vide que peu pourront combler. Car il n’est pas seulement un chroniqueur brillant ; il est un passeur. Un homme qui a su, depuis l’exil, parler à ceux d’ici. Un analyste qui ne cherche ni les projecteurs ni les honneurs, mais seulement l’élévation du débat. Il est de ces figures rares dont la rigueur est perçue comme subversive, simplement parce qu’elle ne s’aligne sur aucune consigne.
Nous lançons ici un appel, fraternel et sincère : Mohamed, ne partez pas. Laissez-nous au moins croire que dans cette forêt de jugements rapides et de clameurs brutales, il reste encore des clairières pour ceux qui lisent pour comprendre. Votre voix est nécessaire. Pour nous. Pour ce pays. Pour l’idée même que l’on peut encore penser librement sans être cloué au pilori.
Si le silence vous a effleuré, que notre soutien — massif, franc et mérité — vous retienne encore un instant. Car le vrai mythe, ce n’est pas votre plume : c’est l’idée que l’on pourrait s’en passer.
Source : Ahmed OULD Bettar ,
Directeur de Publication de Rapide Info