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La justice de couleur. – Par Ely OULD Sneiba

En Mauritanie, on dénonce fréquemment le manque de diversité et on scrute méticuleusement les images des réunions politiques et des cérémonies de fin de formation pour les élèves et étudiants afin de s’assurer que les audiences et les promotions sont bien colorées.
Un jour, un ancien ministre a fait part de sa frustration quant au manque de gendarmes noirs aux postes de contrôle sur une route nationale.
Si les affichages soigneusement orchestrés pouvaient prévenir les dérapages à caractère ethniciste, les Mauritaniens ne seraient pas entrés en conflit en 1966, étant donné que le Parti du Peuple Mauritanien, parti unique au pouvoir, s’efforçait rigoureusement à refléter la diversité. Rien ne se faisait sans que des Négro-Mauritaniens ne soient placés au premier rang, comme, par exemple, Sall Aboul Aziz, Youssouf Koita, Aissata Kane, Tokossel Sy, etc.
En toute sincérité, ce qui importe, ce n’est pas l’apparence, mais le fond : le strict respect des principes de la République, c’est-à-dire l’égalité des chances des citoyens mauritaniens, afin qu’ils puissent bénéficier des mêmes opportunités d’accès à l’éducation et à l’emploi, quelle que soit leur origine ou leur couleur de peau. Et il faut y travailler.
Il vaut mieux donc mettre l’accent sur l’amont plutôt que sur l’aval : une organisation juste et impartiale d’un concours de recrutement plutôt que son résultat en termes de diversité ethnique.
A ce propos, il a été une fois rapporté que seuls quelques jeunes Maures ont été admis dans les grandes écoles françaises. Pourtant, aucune dénonciation de discrimination raciale ou sociale n’a été enregistrée, car le concours était strict.
Pour ceux qui réclament une justice colorielle, il est important de leur rappeler que la Mauritanie n’a rien à envier au Sénégal. Ce dernier ne tient pas compte des identités raciales et ethniques, et on peut y constater la marginalisation des Maures, dont pourtant la présence n’est pas contingente ; elle est réelle, visible et séculaire. Et il est fort probable qu’ils soient au moins aussi nombreux que les Wolofs de Mauritanie. Mais, ils n’ont pas voix au chapitre, comme s’ils n’existaient pas.
En effet, les Naars Guenars ne jouent aucun rôle de premier plan dans la vie politique au Sénégal. Il n’y a pas de maires parmi eux, ni de députés, ni de ministres, ni même d’officiers de l’armée.
Leur langue, l’hassanya, n’est pas reconnue comme une langue nationale, et ils ne sont pas considérés comme une ethnie sénégalaise.

Ely Ould Sneiba

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