CULTURESFAITS DIVERSMauritaniePOLITIQUE

Gouverner, c’est inclure, c’est écouter, c’est se rappeler que l’élite , n’est pas un adversaire à neutraliser, mais une richesse à mobiliser.

Quand la politique ressemble à une pièce de théâtre mal répétée

La politique, dit-on, est une guerre. Seulement ici, les armes ne tonnent pas : elles murmurent. Point de fusils, mais des accusations ; point de canons, mais des calomnies ; point de balles, mais des promesses creuses. Et pourtant, les blessures infligées n’en sont pas moins profondes.

La politique se joue comme une partie d’échecs, avec stratégie, patience et duplicité. Les pions eux-mêmes rêvent de devenir rois, les cavaliers hennissent pour une place à l’ombre du palais, et le roi… finit bien souvent prisonnier de ses propres tours.

Au lieu de bâtir une République solide, certains acteurs de la vie publique préfèrent l’art plus raffiné ,mais ô combien désastreux , de la rumeur et de la suspicion. Untel devient « agent de l’étranger », tel autre est accusé de « servir une main invisible ». On distribue les étiquettes comme des fruits au marché : sans preuve, mais avec beaucoup d’entrain. Pendant ce temps, des marionnettistes invisibles tirent les ficelles, abrités derrière l’image flatteuse de « défenseurs du bien commun ».

Ironie suprême : ceux qui dénoncent les ingérences extérieures peuvent parfois être les premiers à chercher une légitimation au-delà des frontières. Chiasme cruel : on proclame défendre la patrie, mais c’est souvent le patrimoine que l’on protège. On chante l’unité nationale, mais on pratique parfois l’art du morcellement.

La justice, elle, ne devrait pas ressembler à un vieil âne chargé de sacs : courbé sous le poids des plus forts, avançant seulement là où on la tire. Tantôt docile, tantôt muette, rarement indépendante. Un peuple entier espère la voir se lever, libre, forte et impartiale. Mais trop souvent, elle demeure prisonnière des influences qui l’entourent.

Et pourtant, il existe une autre voie. Gouverner un pays, ce n’est pas gérer une boutique familiale où l’on distribue les postes comme on partage des parts d’héritage. Gouverner, c’est inclure, c’est écouter, c’est se rappeler que l’élite , dans sa diversité et dans son talent ,n’est pas un adversaire à neutraliser, mais une richesse à mobiliser.

Faut-il donc persister dans cette philosophie politique figée, où le tribalisme tient lieu d’identité, où le clientélisme se déguise en mérite, où l’exclusion se transforme en pratique ordinaire ? Le pays mérite mieux qu’un cercle vicieux où chaque dirigeant répète, avec une constance lassante, les erreurs de ses prédécesseurs.

La Mauritanie a soif d’un autre récit. Un récit où la justice retrouve son visage, où la parole politique ne se confond plus avec l’accusation, où l’État se pense enfin comme maison commune et non comme citadelle fermée. Bref, un récit où la politique cesserait d’être une farce d’ombres pour redevenir l’art noble de conduire un peuple vers la lumière.

Eléya Mohamed
Notes amères d’un vieux professeur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *