Abidjan | Prise de fonction : les ambitions du nouveau Président de la Banque africaine de développement
Le Mauritanien Sidi Ould Tah a pris officiellement ses fonctions ce 1 septembre à la tête de la Banque africaine de développement pour les 5 prochaines années. Le mandat est renouvelable une fois. Il a été élu le 29 mai 2025 avec un score de plus de 76%. Premier mauritanien à accéder à ce poste, il succède au Nigérian Akinwumi Adesina et se prépare à affronter de nombreux défis dans un contexte économique mondial fragmenté et incertain

Au cœur de la stratégie du nouveau président de la Banque africaine de développement : décupler les montants engagés, transformer la banque en chef de file des acteurs financiers africains, créer massivement de l’emploi pour les jeunes en soutenant les PME et accélérer la construction des infrastructures africaines de transport et d’énergie.
Ses 100 premiers jours seront consacrés à une large concertation au sein et hors de l’institution financière panafricaine. Mais le chantier le plus urgent de Sidi Ould Tah sera de reconstituer d’ici décembre le Fonds africain de développement (FAD). Car avec le retrait annoncé de 555 millions de dollars de l’aide américaine au FAD, on s’attend déjà à une fragilisation des ressources destinées aux pays les plus vulnérables.
Il faut également noter parmi les chantiers majeurs du nouveau président : l’appui aux PME africaines qui se fera de façon indirecte via les prêts accordés aux banques. Une façon de placer la banque au cœur du financement de l’entreprise.
400 milliards de dollars annuels pour répondre aux besoins du continent
En sa qualité de président de la Banque panafricaine, Sidi Ould Tah compte décliner une stratégie ambitieuse autour de la mobilisation annuelle de 400 milliards de dollars. Soit 2000 milliards pour les 5 prochaines années. Un pactole qui servira à doter l’Afrique d’infrastructures pour accélérer et augmenter la création de richesse, transformer la croissance démographique en dividende économique grâce à l’investissement dans la jeunesse, et réformer l’architecture financière africaine pour renforcer la synergie entre institutions multilatérales.
L’industrialisation et la transformation locale des matières premières africaines occupent également une place centrale dans sa vision. «Il est crucial que l’Afrique développe son industrialisation et que ses matières premières soient transformées sur son sol,» déclare Sidi Ould Tah.
L’autre grand chantier et non des moindres que le nouveau président de la Banque panafricaine doit affronter est de convaincre les grandes agences de notation financière de revoir leurs copies sur les pays africains. Car il est inconcevable que l’Afrique continue à se financer à des taux qui obèrent son développement.
Un cumul d’expertise pour l’Afrique
Sidi Ould Tah a bâti sa carrière à l’intersection de la diplomatie et de la finance. À la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) de 2015 à 2025, il a renforcé la crédibilité de l’institution, amélioré ses notations de crédit et porté son capital de 5 à 20 milliards de dollars en trois ans.
Son élection a été facilitée par une intense mobilisation diplomatique, appuyée notamment par la présidence tournante de l’Union africaine exercée par le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani en 2024, ainsi que par le soutien de pays de la Ligue arabe.
Fort de son expérience internationale et de son réseau diplomatique, Sidi Ould Tah se présente également comme un artisan d’une gouvernance financière africaine capable de conjuguer innovation, solidarité et influence sur la scène mondiale.
Il a souligné que la collaboration et le travail acharné étaient essentiels pour relever les défis de l’Afrique. Son administration mettra l’accent sur le développement économique et les réformes sociales.