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Biram Dah Ould Abeid : de l’anti-esclavagisme à la dérive politique – Par Diaw Abdoullah (AKS)

Biram Dah Ould Abeid : de l’anti-esclavagisme à la dérive politiqu

Dans le tumulte de la scène politique mauritanienne, peu de figures polarisent autant que Biram Dah Ould Abeid. D’abord connu comme militant acharné contre l’esclavage, son engagement initial portait l’espoir d’un changement profond dans une société divisée. Mais pour beaucoup, ce combat semble aujourd’hui avoir laissé place à une soif de pouvoir et à une série de contradictions flagrantes.

Un serment trahi : de l’activisme à la politique

En 2013, en France, devant ses partisans, Biram avait juré de ne jamais faire de la politique. Il se présentait alors comme un militant « apolitique », dédié exclusivement à la lutte contre l’esclavage. Ce serment sera brisé sans explication. Dès 2014, Biram entre dans l’arène politique, contournant une opposition modérée qui boycottait les élections en dénonçant un cadre électoral biaisé.

Sa candidature en 2014 aurait été rendue possible, selon plusieurs sources, grâce au soutien discret de Mohamed Ould Abdel Aziz, alors président et artisan d’un coup d’État en 2008. Ce rapprochement avec le pouvoir, dénoncé à l’époque par son ancien camarade Samba Thiam, marqua une rupture avec la figure militante indépendante qu’il incarnait.

Des soutiens troubles et des pratiques opaques

En 2019, Bis repetita. Biram se présente à nouveau, cette fois avec le soutien logistique du milliardaire Mohamed Ould Bouamatou, exilé puis rentré au pays. Ce financement restera longtemps caché, au point que son équipe de campagne affirme ne l’avoir découvert qu’après coup. Plusieurs de ses proches collaborateurs le quitteront, indignés par ce qu’ils qualifient de trahison morale et politique.

Biram répond systématiquement à ces départs en accusant ses anciens alliés d’avoir rejoint « le système ». Un procédé qui semble devenir un réflexe dès que son entourage découvre certaines vérités embarrassantes.

2024 : un candidat sans preuves, une crise bien réelle

En 2024, Biram Dah Ould Abeid se présente une fois de plus. Cette fois encore, il bénéficie du soutien implicite du système via les parrainages nécessaires pour officialiser sa candidature. Alors que les résultats officiels ne sont pas encore complètement disponibles, il s’autoproclame vainqueur, sur la base de 2 % des procès-verbaux.

Il ne dépose ni recours auprès du Conseil constitutionnel ni auprès d’instances internationales. Aucune preuve tangible ne vient appuyer sa victoire proclamée. Ce manque de rigueur alimente une contestation dans la rue, qui tournera au drame à Kaédi : quatre jeunes trouvent la mort lors des manifestations réprimées.

L’audio mensonger qui annonçait la chute de Ghazouani, déclencheur de ces violences, reste sans auteur identifié. Mais les soupçons sur les milieux proches de Biram sont nombreux. Qui avait intérêt à diffuser une telle rumeur ? Qui en a tiré profit politique ?

La tentative d’un coup d’État civil ?

Le refus de Biram de reconnaître sa défaite, l’absence de toute démarche institutionnelle, le choix de la rue, et l’appel à un « soulèvement populaire » ont alimenté l’idée d’un coup d’État civil. Plus grave encore, sur les réseaux sociaux, Biram semble admettre son incapacité à vaincre démocratiquement ses adversaires, appelant ses partisans à s’emparer du pouvoir par d’autres moyens.

Il instrumentalise ensuite la douleur des familles endeuillées pour renforcer sa position, oubliant que ses propres actes ont contribué à créer la crise.

L’heure de la lucidité politique

La Mauritanie ne peut progresser en tolérant les mensonges, la manipulation et l’exploitation politique des souffrances. Nous avons besoin d’une opposition forte, responsable, compétente, qui joue son rôle dans le cadre républicain. Non à l’opposition-spectacle qui cherche à déstabiliser le pays au nom d’ambitions personnelles.

Le peuple mauritanien mérite mieux : une classe politique qui respecte les règles démocratiques, rejette le tribalisme, le communautarisme, les manipulations et les alliances douteuses. C’est à cette condition que nous pourrons construire une nation unie, stable, diverse, et tournée vers l’avenir.

Diaw Abdoullah (AKS)
Militant pour la justice, la vérité et la démocratie en Mauritanie.

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