Mauritanie : un citoyen interpelle l’Union Européenne et L’ambassade des USA à Nouakchott – Par Eleya Mohd
Lettre ouverte à l’attention de la Représentation de l’Union Européenne et de l’Ambassade des États-Unis à Nouakchott**
Excellences,
Permettez à un citoyen épris de justice et de vérité de s’exprimer avec la sincérité que mérite ce moment crucial pour l’avenir de la Mauritanie. Il est des circonstances où le silence devient complicité, et des récits si savamment tissés qu’ils parviennent à égarer même les esprits les plus éclairés.
Depuis quelque temps, sous le voile des bonnes intentions, se déploie une scénographie troublante sur l’échiquier sociopolitique mauritanien. Une coalition hétérogène — composée de Haratines revendicatifs, de militants négro-mauritaniens radicalisés, et de certaines élites maures reconverties dans le registre victimaire — s’érige en gardienne autoproclamée des opprimés. Ces acteurs, habiles dans l’art de la dramatisation, transforment l’indignation en monnaie d’échange et l’émotion en outil de négociation. Leur cible ? Votre légitime empathie. Leur stratégie ? Un chantage moral subtil, mêlant symboles historiques et récits partiels. Leur objectif ? Détourner l’essence même de votre coopération, réduite à un instrument de gratification individuelle.
Excellences,
Nul ne saurait nier les fractures héritées d’un passé douloureux, ni les séquelles persistantes d’inégalités structurelles. La Mauritanie, comme toute nation en mutation, chemine vers une réconciliation encore fragile. Mais distinguons ensemble les artisans authentiques du progrès de ceux qui, sous couvert de militantisme, cultivent un marché de la victimisation.
Observez, je vous prie, cette dissonance : tandis que des voix clament une exclusion systémique, des membres éminents des communautés noires et haratines occupent des postes stratégiques — magistrature, diplomatie, armée, haute administration — témoignant d’une intégration institutionnelle réelle, bien qu’imparfaite. Faut-il voir dans ces avancées un paradoxe, ou plutôt la preuve que le progrès, quoique lent, existe ?
Gardons-nous, Mesdames et Messieurs, de reproduire l’erreur du fabuliste séduit par un discours enjôleur.L’on croirait entendre ce corbeau des fables, flatté par le discours intéressé du renard, et qui, à force de vanité, se fait voler le fromage. Eh bien, Excellences, ne soyez pas ce corbeau.Vos nations, modèles de pluralisme démocratique, savent résister aux sirènes du communautarisme : les minorités y trouvent leur place sans être érigées en rentes symboliques. Pourquoi, dès lors, accorder ici une crédibilité disproportionnée à ceux qui instrumentalisent les souffrances collectives ?
Notre appel n’est pas un rejet de votre soutien, précieux pour notre développement, mais une invitation à l’ajuster. Plutôt que de céder aux revendications les plus vociférantes, privilégiez les projets inclusifs, vérifiables, ancrés dans le dialogue intercommunautaire. Soutenez les réformes structurelles — éducation, justice, économie — plutôt que les postureurs de l’indignation.
La Mauritanie se reconstruit, pas à pas, sur les cendres de ses divisions. Elle aspire à des partenaires capables de discerner, derrière le tumulte des polémiques, la résilience d’un peuple uni par une volonté farouche de dépasser son histoire. À vous, garants des valeurs universelles, de refuser que votre bienveillance soit exploitée par ceux qui préfèrent les dividendes de la division aux fruits de l’effort collectif.
Avec l’assurance de ma haute considération,
Un citoyen engagé pour l’unité et la dignité de sa patrie
« Le vieux professeur «
Eleya Mohamed
